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Blog: 25 septembre 2024

Que penser du chaos politique qui règne à Ottawa ?

Auteurs(es) : Charles Bernard, économiste en chef et conseiller en politiques, Impact Affaires Publiques

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La rentrée parlementaire a toujours été une période palpitante pour ceux et celles qui s’intéressent réellement au processus politique et qui sont touchés par les résultats qui en découlent. C’est une période souvent caractérisée par des rebondissements, des stratégies et, pour être juste, par un chaos total. Cette dynamique ne fait que s’exacerber à l’approche des élections, lorsque les partis collaborent de moins en moins, tout en cherchant constamment de nouveaux angles, légitimes ou non, pour souligner les méfaits d’autres organisations politiques.

Dans ce désordre, les parties prenantes canadiennes devront utiliser correctement les quelques mois d’actions politiques à venir et trouver des moyens créatifs pour faire avancer leurs dossiers auprès des principaux politiciens et fonctionnaires. Alors, comment une organisation comme l’Association de vente directe, qui n’est en aucun cas un Goliath à Ottawa, peut-elle réussir dans une période de partisanerie et de tensions politiques accrues ?

Le secteur de la vente directe est vraiment unique, et les entreprises et les personnes qui y travaillent ont un point de vue différent de celui de la plupart des intervenants que l’on entend souvent au Parlement. En tant que secteur ancré dans l’esprit d’entreprise, disposant d’un paysage diversifié de sociétés et jouissant de liens importants avec le marché américain, la vente directe peut raconter sa propre histoire et, croyez-moi, les histoires sont ce que les politiciens recherchent. 

Il est important de ne pas amplifier ou sous-estimer les tendances du secteur afin de s’assurer que le discours de l’association s’inscrit dans la stratégie d’un parti, ce qui peut s’avérer séduisant lorsque les sondages indiquent que les vainqueurs auront une majorité claire lors des prochaines élections. Il est primordial d’identifier clairement, et d’exécuter de manière appropriée, les opportunités où l’histoire des entreprises canadiennes de vente directe peut entrer en jeu et être utilisée pour ajouter des idées, un contexte et des perspectives à la discussion sur des questions importantes.  

Pensez-y de la manière suivante : une association peut très bien se peindre avec la couleur politique qu’elle estime la plus avantageuse. Bien que cette stratégie puisse générer des gains à court terme, cette couleur ou cette réputation peut être difficile à perdre et entraîner des difficultés à long terme. Ainsi, l’association risque de se mettre des bâtons dans les roues.  

L’autre option, qui est durable et non partisane, est d’essayer de peindre toutes les questions pertinentes avec la couleur de l’AVD Canada. Chaque fois qu’il y a une consultation publique, un débat parlementaire ou une tendance médiatique vaguement proche des valeurs et des défis des entreprises de vente directe, c’est l’occasion d’apporter des nuances, des données et des faits concrets que seul ce secteur peut fournir. 

Par exemple, si l’AVD Canada estime que sa force réside dans les témoignages de ses membres sur la façon dont un changement de règlementation spécifique peut affecter négativement leurs entreprises, il est impératif de trouver des moyens de transmettre ces histoires aux politiciens, que ce soit en leur rendant visite à Ottawa ou en leur envoyant des coupures de presse pertinentes.  

Cette approche exige non seulement un suivi constant et une communication permanente avec les bureaux politiques occupant des postes stratégiques, mais elle oblige également l’association à définir clairement, et parfois à améliorer, ce qu’elle peut fournir aux nombreuses parties prenantes concernées dans chaque cas spécifique. 

Le débat en cours au Parlement sur les produits de santé naturels en est un autre bon exemple. De loin, on pourrait penser que le parti conservateur d’opposition s’est associé à l’industrie et à ses alliés, tels que les entreprises de vente directe, afin d’exercer une pression sur le gouvernement. En réalité, le secteur des produits de santé naturels et l’industrie de la vente directe ont interagi avec toutes les parties et se sont appuyés sur une approche factuelle pour présenter les principaux problèmes (impact économique régional, effets sur les relations commerciales, etc.) qui apparaîtraient si les libéraux au pouvoir maintenaient leur décision initiale. Le dossier des produits de santé naturels n’a pas été peint dans une couleur spécifique, mais tous les partis qui ont décidé de prendre cette question au sérieux ont été rapidement informés par des experts intéressés par cette question. Une fois de plus, les groupes concernés ont peint la question à leur manière et ont réuni plusieurs organisations autour de la table, au lieu de laisser un seul parti mener la danse.  

En fin de compte, si le chaos règne à Ottawa, en particulier à l’approche des élections, il n’est pas nécessaire que les parties prenantes se laissent entraîner dans la frénésie. Les jeux politiques auront inévitablement lieu, et il est essentiel que les parties prenantes restent centrées sur leurs priorités et les histoires sous-jacentes qu’elles essaient de raconter, afin de rester créatives et multifacettes dans la manière dont elles interagissent avec les gouvernements. 

Pour se faire entendre à Ottawa, il faudra toujours être en mesure, et avoir la volonté, de parler à tout le monde et de trouver un terrain d’entente. Lorsque les groupes de pression trouvent des moyens d’établir des relations plus étroites avec les politiciens, de nombreuses barrières tendent à disparaître… y compris la couleur de leur parti respectif.